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Brèves chroniques familiales
9 mars 2012

Le 55 !

CamilleEtVictoire

 

  Charnier natal, camp de base, aire de repos ou d'envol, ce fut un peu tout ça la maison de la famille Labour sise au 55 avenue Alphand à Saint Mandé, où naquit et grandit la fratrie, de la fin du 19e siècle jusqu'à sa vente en 1965.
  Demeure relativement modeste au regard de ce quartier résidentiel proche du bois de Vincenne et du lac Daumesnil, à quelques mètres de l'avenue du même nom qui relie la Porte Dorée au Château de Vincenne sous une haie de marronniers. L'Exposition Coloniale de 1931 fit ériger, entre autres, les vastes aménagements du Zoo dont la faune bruyante et odorante vint apporter une note exotique au calme bourgeois de cette thébaïde.  

  Camille Labour fit construire sa maison après son mariage en seconde noce avec Victoire Boursin, ma grand-mère paternelle, née le 15 mai 1872 à Joigny. Camille c'est le "self made man" de la famille : d'origine modeste, son père était bourrelier, mais travailleur et ambitieux il réussit dans le négoce des vins comme courtier établi à Bercy dont les entrepôts abreuvaient alors toute la région parisienne. De son père et de ses origines il conserva toujours le goût du travail manuel qu'il transmit à son fils Jacques, mon père. Il me reste des outils dont le manche porte gravées ses initiales : C L , on est conservateurs dans ces familles ! Né  à Decize dans la Nièvre en 1862, il mourut à 80 ans en 1942. Un cousin féru de recherches généalogiques aurait trouvé en fouillant les registres paroissiaux de Decize - l'état civil sous l'ancien régime - la trace d'un ancêtre, un Claude Labour, bourrelier y ayant épousé une demoiselle Magdeleine sous le règne de Louis XV. Ce prénom est récurrent dans la famille, d'ailleurs l'arrière grand-père bourrelier s'appelait également Claude !

  Camille et Victoire n'eurent que des fils, quatre, ce qui désespérait Camille : Robert le second, né 1896, mourut après la guerre d'une tuberculose, qui lui avait valu d'être réformé en 1914; Victoire en portera le deuil toute sa vie. Il était destiné à succéder à son Père ce qui eut été sans doute judicieux. Mais ce fut à Jean, l'ainé, le "play boy" né en 1893, engagé en 1917 comme conducteur d'auto-canon antiaérien (voir photo album) et qui termina la guerre comme pilote de chasse à la prestigieuse escadrille de Cigognes, que revint la lourde responsabilité de reprendre l'affaire familiale.
Jacques, mon père, né en 1903, ne montrant pas un goût prononcé pour les disciplines scolaires - il préférait de loin bricoler dans l'atelier de son grand-père, le bourrelier, à Champigny - quitta très tôt le gîte confortable du 55 pour vivre des aventures maritimes qui déterminèrent sa vocation.
Le quatrième et dernier, né en 1907 ce fut Guy, parrain enfin, de la première fille de la famille, Monique ma petite sœur. Ce n'est, bien sûr, pas ce qui le rendit célèbre mais son étonnante aventure vécue dans un glacier alpin en 1934. Cette aventure vient de faire l'objet d'un livre écrit par un journaliste, Yves Ballu, sous le titre "L'impossible sauvetage de Guy Labour" (Glénat ed.).
  Alpiniste expérimenté, jeune et en pleine forme physique (il avait été sélectionné par le Club Alpin Français pour participer à la première ascension française de l'Himmalaya !) Guy après une course en solitaire aux Grands Charmoz, redescendait vers son bivouac quand il s'engagea sur le  glacier des Nantillons - j'y suis passé moi-même quelques années plus tard ! - quand un pont de neige dissimulant une crevasse céda sous lui. Il atterrit 20 mètres plus bas sur un étroit surplomb de glace, sans son piolet resté au bord du gouffre. Il devait y passer 6 jours et 7 nuits mortels. Tout espoir de le retrouver était perdu quand une ultime équipe passant à l'aplomb de la crevasse entendit un faible appel : c'était Guy ! Il survécut miraculeusement mais dut subir de nombreuses amputations des phalanges gelées des orteils. Il n'en poursuivit pas moins ses courses en montagne, à un moindre niveau bien sûr.
Son ami Frison Roche s'est inspiré de cette aventure pour son roman "La Grande Crevasse", en y ajoutant une aventure sentimentale aussi imaginaire qu'alimentaire.

  J'étais un bambin de quatre ans, en vacances à Chamonix chez ma marraine Yvonne Labour au chalet "Les Cigognes" pendant que se poursuivaient les recherches, Jean Labour, son frère survolant la zône avec son avion personnel dans l'espoir de le voir ou d'en être vu. Il me reste quelques souvenirs visuels des moments passés à attendre des nouvelles tout en scrutant avec une longue-vue le pied des aiguilles sur l'autre versant; faute d'un autre moyen de communication avec les équipes de sauveteurs, les "grandes personnes", dont Vic sa mère, ma grand-mère, étendaient dans la prairie des draps blancs selon un code convenu, mais bien illusoire.

Il se fait tard et je vais remettre à plus tard l'évocation de la saga Labour : trop d'info tue l'info.

À bientôt sur nos lignes !

Captain Clo.

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Commentaires
F
J'ai découvert ton site il n'y a pas longtemps par Patrick. J'ai retrouvé avec beaucoup d'intérêt des souvenirs anciens et découvert des nouvelles photos. Aurais-tu par hasard des photos du 55 où j'ai passé de merveilleux moments? Et je me souviens bien de nos visites rue de Trévise! Avec notre déménagement aux Etats-Unis il y a 36 ans, nous avons beaucoup perdu le contact avec la famille ..........<br /> <br /> <br /> <br /> Bien affectueusement,<br /> <br /> <br /> <br /> Florence
S
Querido Tio Claudio<br /> <br /> Tu ne peux imaginer le plaisir que j'ai en lisant les chroniques familiales, c'est un peu ma "telenovela", je suis toujours dans l'impatience de la suite et cela complète quelques souvenirs de ce que nous a partagé maman. Bon j'attend la suite! Je t'embrasse bien fort.
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